L'or des dieux

Les plus anciens métallurgistes connus sont ceux de la civilisation de Jiskairumoko, dans les Andes, environ 2000 ans avant notre ère. Dès cette époque, les artisans fondent et martèlent des pépites.

Si l’or n’a aucune valeur monétaire pour les civilisations précolombiennes, sa rareté en fait tout de même un bien prisé, facteur de différenciation sociale.

Ornement frontal, Mochica, Pérou - 200 av. J.-C.–600 après J.-C., or martelé, argent et cuivre avec traces de cinabre rouge (© Museo Arqueológico Rafael Larco Herrera, Pérou). Le visage central porte un couvre-chef en forme de demi-lune et est entouré de deux jaguars au corps dentelé. La figure d’une divinité mi-homme mi-félin domine en effet la hiérarchie religieuse mochica.

Le tumbaga permet aux artisans de répondre aux besoins croissants des élites en biens précieux. Il s'agit d'un  alliage de cuivre, d’or et parfois d’argent en proportions variables. Sous l’action de la chaleur ou de divers acides, les métaux de l’alliage sont oxydés et seul l’or reste présent en surface. Bien qu’ayant l’aspect d’or pur, ces objets sont ainsi composés principalement de cuivre. Ce subterfuge qui permettait de pallier la rareté de l’or a naturellement provoqué la colère des conquérants floués.

Figurine votive en forme de cerf, Muisca, Colombie - 400 à 1600 après J.-C (© Museo del Oro, Bogotá), or, fonte à la cire perdue. Au moment de la Conquête (1533), les Muiscas sont organisés en petits royaumes. Leur travail des métaux est exceptionnel : des matrices de pierre sculptées leur permettent de reproduire des moules en argile et de réaliser des séries d'objets identiques.